La princesse et le livre magique
Il existe une légende qui parle d'un village de Cabana Maior.
Mentionnée depuis plusieurs siècles dans la littérature, tout indique que cette légende est très ancienne, comme le village de Bouças Donas.
Le monastère de la princesse
Avec la promesse qu'elle pourrait posséder tout ce qu'elle verrait depuis la chambre de sa nouvelle demeure.
Elle décida donc d'aller vers la plus haute montagne de la région,
l'Outeiro Maior.
Durant la montée finale, elle s'arrêta près d'un endroit qui fut appelé Bouças Donas, en l'honneur des dames qui l'accompagnaient.
Elle continua jusqu'au sommet de la montagne, où elle ordonna le début des constructions.
Pendant ce temps elle rendit visite au roi, qui lui demanda ce qu'elle pourrait voir depuis sa chambre et elle répondit de Braga jusqu'à la mer au nord.
Le roi, bien embêté, qui ne savait pas qu'un tel endroit existait, dut retirer sa promesse, car il ne pouvait donner la moitié de son royaume.
La princesse, vexée, annula la construction pour aller au fond de la vallée, dans un endroit très isolé, fonder un monastère, celui d'Ermelo.
On dit qu'encore aujourd'hui il est possible de voir les fondations du petit palais, au sommet de la montagne.
Un résumé d'une version de la légende de la fondation du monastère d'Ermelo, coincé entre le fleuve Lima et le mont Giao, proche du Mezio.
Aujourd'hui, il existe plusieurs versions de la légende, ce qui peut indirectement confirmer son ancienneté.
La version populaire, décrite plus haut, imagine un dialogue entre le roi et la princesse, mais il existe aussi une version "locale" et une version "historique".
Comme l'explique Fernando Cerqueira Barros dans « A Construção do Território na Serra da Peneda », il existe une version légèrement différente de la légende, qui vient peut être de la population locale.
Version qui explique que la construction va cesser car vivre au sommet de la montagne ne va pas être très agréable, «les haricots ne cuisent pas et les choux ne prennent pas de couleur» (os feijões não cozem nem as couves ganham cor).
Une version explique que la princesse et son entourage s'installe pendant les travaux dans une auberge.
Il existe donc une version "historique" également, décrite dans un livre de 1886, la trace littéraire la plus ancienne semble dater de 1706.
Le prêtre António Carvalho da Costa, qui va vivre entre 1650 et 1715, va laisser derrière lui plusieurs ouvrages, dont « Corografia portuguesa, e descripçam topografica do famoso reyno de Portugal ... », en 1706 :
« Dans cette freguesia (Cabana Maior), au pied de la chaîne de montagnes Outeiro Maior, se trouve le village de Bouças Donas, nommé ainsi d'après les femmes qui accompagnaient l'infante, fondatrice du monastère qui se dresse sur le sommet de la montagne, et qui y a résidé pendant les travaux. »
« N'esta F., ao pé da serra de Outeiro Maior, está a aldeia
de Bouças Donas, nome que tomou das donas que acom-
panhavam a infanta, fundadora do mosteiro que está no
alto do monte, e que ali residiram em quanto se fez a obra. »
« Donas » est ici l'équivalent de dame de compagnie, qui deviendra madame ou maîtresse.
Bouças Donas est le nom d'un village tout proche du Mezio, dans la freguesia (un ensemble de villages) de Cabana Maior.
Outeiro Maior est le nom le plus ancien connu pour désigner les montagnes de la serra de Soajo.
Cela veut dire grande colline, pour l'anecdote, cela peut également dire le grand autel car il vient du mot altarius.
Le nom est encore utilisé aujourd'hui, mais officiellement cela désigne désormais une toute petite partie de la montagne, proche du plus haut sommet, le Pedrada.
Pour l'anecdote, l'infante Urraca est de nouveau mentionnée plus tard au Portugal … dans un « livre magique » :
Le grand Livre de Saint Cyprien, le trésor du sorcier
Saint Cyprien serait un sorcier du troisième siècle, un adepte de la magie noire, converti au christianisme après sa rencontre avec une femme nommée Justine.
Il y a quelques siècles, un livre va commencer à circuler, supposément écrit par Cyprien.
Bien entendu c'est un
faux, l'équivalent d'une « fake news » d’aujourd’hui.
Mais ce livre va rencontrer beaucoup de succès au Portugal.
Voici la légende de Cyprien et Justine, selon Wikipédia :
Toujours selon Wikipédia, "Le grand Livre de Saint Cyprien ou le trésor du sorcier" fait référence à différents grimoires des 17eme, 18eme et 19eme siècles, populaires dans le monde hispanophone et lusophone. Ils sont tous faussement attribués à Saint Cyprien d'Antioche qui a vécu au 3e siècle de notre ère.
La version évoquée ici est plus récente et visible sur internet, c'est un recueil avec des thèmes très variés, il semble exister une version plus ancienne, qui est mentionnée par un savant vers 1500 (Agrippa).
Cette liste est bien entendu volontairement très énigmatique, rien ne semble concerner le Mezio ou la montagne, mais un passage va mentionner la princesse Urraca.
J'ai quelques difficultés à traduire complètement ce texte :
A « Saboadella », très bas, dans une mine avec deux «morceaux» de marbres blancs, il y a le « trésor » de la princesse Urraca.
"Na Saboadella, muito baixo, em uma mina com duas lapas de marmore
branco, esta o haver rico da princeza Urraca."
Mais une fondation trop grande pour un petit palais et surtout trop ancienne.
Elle va être découverte par des archéologues, en 2018, le collectif Roman Army.
La fondation d'une muraille en pierre, qui entourait un camp militaire romain, de l'époque de la dernière campagne des romains dans la péninsule ibérique.
Mais cela ne veut pas dire, que mille ans plus tard, on ne va pas essayer de construire un petit palais ou un monastère...
La légende du monastère d'Ermelo :
Modern Chorographia do Reino de Portugal (1875):
Dizem que a infanta D. Urraca, filha de D. Ordonho n,
rei de Leão, querendo fundar um mosteiro, e promettendo
seu pae que lhe daria para rendimento do mesmo quanto
avistasse do ponto que escolhesse, escolheu o sitio cha-
mado Outeiro Maior, e como d'ahi se avistasse grande
parte de Portugal e Galliza retractou o pae a promessa, e a
infanta, provavelmente despeitada, continuou a percorrer
estas visinhanças com as suas companheiras, que se propu-
nham a religiosas do mesmo mosteiro ; chegando a este si-
tio cançada, lhes disse sentar, e ahi fundou casa e logo de-
pois o mosteiro em Ermêllo, que é sitio baixo, e d'onde
pouco se descobre.
Lendarium.org :
VIANA, António Manuel Couto.
Lendas do Vale do Lima, Valima, Associação de Municípios do Vale do Lima, 2002 :
"Era uma vez um rei chamado Ordonho II, que governava as Astúrias e todos os territórios para o Sul, conquistados aos guerreiros do Islão.
Neles, figurava o Vale do Vez, com as suas altas montanhas e a beleza do seu rio. Tinha uma filha: D. Urraca, princesa piedosa, protectora de igrejas e conventos, devotamente dedicada à divulgação da fé cristã, em que dispendia grande parte das suas riquezas.
Um dia, decidiu fundar um Mosteiro para frades, em lugar sossegado e fecundo, rodeado de vegetação e boas águas, onde vicejasse uma horta e frutificasse um pomar; onde houvesse ermos floridos para meditação, vinhedos e trigais que fornecessem o pão e o vinho para o mistério eucarístico e a sobrevivência da comunidade.
Com o consentimento real, acompanhada das suas aias e alguns soldados protectores, meteu pés a caminho, por montes e vales do seu reino.
Chegada à Serra da Peneda, que lhe prometia larga vista sobre uma paisagem pacífica e alegre, o silêncio e a oração, começou a subi-la, com entusiasmo, parando, ora aqui, ora ali, para ganhar forças e melhor contemplar quanto a rodeava. Uma dessas paragens chama-se, ainda, Bouça das Donas, lembrando o arvoredo onde D. Urraca e as suas aias repousaram, abrigadas do Sol ardente.
Junto à vila do Soajo, onde se aconchegavam algumas casas de pedra e colmo, achou lugar apropriado para edificação do Mosteiro e logo contratou pedreiros para lhe abrir os alicerces.
Contente com o lugar que obedecia às condições desejadas, D. Urraca correu à Corte de seu pai, a participar a D. Ordonho a feliz decisão. Perguntou-lhe a curiosidade do rei:
- E o que se avista dessas alturas?
Respondeu-lhe a princesa:
- Longes e longes. Vêem-se, para o Sul, as torres da Sé de Braga e o imenso casario da antiga cidade. Para o Norte, as Catedrais de Tuy e de Ourense, junto ao rio Minho. Para o Oeste, praias onde vão quebrar-se as ondas bravias do mar. Para Leste, campos e montes sem conta, onde pastam rebanhos e cavalgam guerreiros dos vossos exércitos.
D. Ordonho manteve-se por uns momentos calado, com uma ruga na testa, como quem segue a seriedade de um pensamento. Depois, disse a D. Urraca:
- Minha filha, gostaria bem de satisfazer a tua vontade de servir a Deus, com a construção desse Mosteiro. Mas não posso, para isso, dispender, em tal projecto, metade do meu reino. É demasiadamente grande esse horizonte. Terás que descobrir outro sítio menos amplo para morada dos teus frades.
Triste com esta decisão real, a princesa, todavia, não desistiu do seu intento e resolveu, então, mandar edificar o seu Mosteiro, não no desafogo dos cimos do monte, mas na profundeza do vale, quase oculto pela densidade das brenhas, sempre coberto de sombras, escutando um rio discreto, mirando a solidão do ermo.
E deu-lhe o nome de Mosteiro do Ermelo."
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